mercredi 1 janvier 2014

SI DIEU DIT QU'IL EXAUCE, POURQUOI NE SUIS-JE PAS EXAUCE ?


 
Cette interrogation porte sans aucun doute, le sceau de l’ignorance. Mais par la grâce d’Allah, nous qui étions il y a peu de temps, incapables de discerner le Vrai du Faux, avons été initié par le Livre et la Sagesse, afin de mieux comprendre les schémas du destin. L’exaucement (al ijaba) est un résultat, mais aussi une promesse divine. Il importe néanmoins de comprendre ce qu’elle implique, ce qu’elle signifie.

Le messager de Dieu (prière et salut sur lui) nous a expliqué dans de nombreux ahadiths, la manière dont Allah (exalté soit-il) réalise les exaucements. Et parallèlement à ces effets qui peuvent se réaliser de différentes manières, il a également mis en évidence « les équations » qui permettent d’en venir à ces résultats. Dans le hadith authentique rapporté par At-thirmidi, il (prière et salut sur lui) nous dévoile qu’ « Il n’y a pas un musulman sur terre qui adresse une invocation à Allah (exalté soit-il) sans qu’Il ne la lui exauce ou écarte de lui son équivalent en mal, tant qu’il ne s’agit pas d’un péché ou d’une rupture de lien de parenté ».

Ici, on apprend d’une part que le serviteur peut voir son invocation être exaucée comme il le souhaite ou qu’un mal équivalent s’écarte de lui ; et d’autre part, que cette invocation ne doit pas porter sur des péchés ou des ruptures de lien de parenté. La première idée concerne la manière dont l’exaucement peut prendre forme, alors que la seconde met en évidence certaines conditions liées à la nature de la demande. Ce hadith nous montre également à quel point cette adoration (l’invocation), est un élément autour duquel tournent des normes, tant en amont qu’en aval du processus de sollicitation.

En amont, il est nécessaire de faire en sorte de respecter certaines lois ou « douanes » qui valident l’acceptation de la demande. En aval, le croyant se doit de placer sa confiance en Allah, en prenant en compte les différentes manières dont son invocation peut être exaucée. Nous y reviendrons prochainement incha Allah.

L’attitude qui consiste à se plaindre du retard du non exaucement, fait également partie des causes qui empêchent les demandes d'être concrétisées. En effet, parmi les qualités impératives du solliciteur, figure la patience. Le prophète (prière et salut sur lui) disait d’ailleurs que « Le serviteur voit son invocation exaucée tant qu’il ne s’agit pas d’un péché ou d’une rupture d’un lien de parenté, et tant qu’il ne s’empresse pas. » C’est alors que les compagnons présents demandèrent « Ô Messager d’Allah ! Qu’est-ce que l’empressement ? » Il (prière et salut sur lui) leur répondit « C’est lorsqu’il dit « J’ai invoqué Allah sans me voir exaucé, dès lors il se décourage et abandonne l’invocation » [Authentique par Mouslim]

Que de fois avons-nous vu ce scénario se dérouler devant nos yeux ? Le découragement est en effet, l’un des facteurs qui ralentit ou empêche l’exaucement. Et il est nécessaire de comprendre qu’Allah (exalté soit-il) a créé l’homme empressé. C’est ainsi qu’il déclare d’ailleurs dans le 11ème verset de la sourate Le voyage nocturne [L'homme appelle le mal comme il appelle le bien, car l'homme est très hâtif]. En effet, la passion que peut ressentir un homme, voile son coeur, au point de l’empêcher de distinguer les dangers d’un éventuel exaucement. Ne dit-on pas par exemple que l’amour rend aveugle ? Que sa convoitise concerne une personne, un bien, ou une vie tout entière, le solliciteur confiant en Allah et en Ses choix, doit constamment faire preuve de patience.

Certes, le détachement de ce nous stimule est un chemin dur à emprunter. Le coeur est enclin à aimer les biens et les personnes de ce monde, car Allah (exalté soit-il) a enjolivé tout ceci pour les coeurs des hommes. Mais Il a également fait de certains, qu’Il a couvert de Sa miséricorde, des gens attentionnés qui ne se laissent pas emprisonner par leurs passions. Il arrive parfois qu’un homme reste longtemps à souffrir d’une maladie, d’une épreuve, et que ses invocations ne se concrétisent pas. Pour la même épreuve vécue, la différence existera entre deux types de solliciteurs. Le premier se découragera en disant qu’il n’a pas été exaucé, tandis que l’autre, pensera qu’il n’a pas encore été exaucé, et continuera à espérer en Allah. L’effort et la confiance en Dieu distingueront alors, ces deux types de personnalités.

L’intelligence spirituelle devrait également te faire comprendre qu’il est nettement plus préférable d’être protégé d’une épreuve, que d’acquérir une source de joie. Dans le dernier hadith rapporté par At-thirmidi, le messager de Dieu (prière et salut sur lui) nous informe que l’invocation, si elle respecte la bienséance qui la concerne, peut être concrétisée par le repoussement d’une épreuve, équivalente à la demande du solliciteur. Cette équivalence et la teneur qu’elle implique, Seul Allah la connaît. Une chose est sûre, elle porte l’empreinte de la justice divine, de Sa miséricorde, Lui qui aurait très bien pu ne pas nous exaucer, en réponse à notre manque de loyauté, les transgressions dont nous nous rendons coupables chaque jour, etc.

Nombre de jeunes célibataires invoquent longuement Allah, afin qu’Il leur trouve un(e) conjoint(e). On les voit également demander un frère ou une soeur pieux/se, alors qu’eux-mêmes ne le sont pas, ou ne font rien pour arriver à ce niveau (la piété). Peut-on considérer qu’Allah, avec toute la miséricorde et la bonté qu’Il détient, va marier un être pieux avec une personne qui le ralentira dans sa religion ? Allah récompense plutôt les pieux et les pieuses, en les mariant avec des gens qui les méritent ! Les célibataires qui invoquent constamment Allah et qui ne voient pas de réponse depuis de longues années, doivent comprendre que cette solitude est une épreuve qu’Allah a choisie pour eux. Peut-être que le célibat est la meilleure des options pour le moment ? Peut-être aussi que le mariage tel que le voudrait l’invoquant, lui est néfaste, parce que la personne qu’il aime aujourd’hui, n’est pas forcément celle qui le comblera demain ? Et vice-versa. Indépendamment des qualités et des défauts du conjoint, il arrive même que les célibataires invoquent Allah (exalté soit-il) afin qu’Il leur « trouve » littéralement un mari ou une femme, en attendant qu’il/elle tombe du ciel ! Dans le troisième zoom du magazine, il était question de l’effort qui confirme la confiance que l’on peut avoir en Dieu. On ne peut invoquer Allah (exalté soit-il) en s’en remettant totalement à Sa toute-puissance, et se croiser les bras en attendant que les choses se fassent. Cette attitude est étrangère à ce qu’on pu réaliser les premiers musulmans. Nous disions alors [L’espérance en Allah, si elle ne souffre d’aucun défaut, ne peut donner lieu qu’à deux produits : une action ou une abstention. Autrement dit, un coeur vif, énergique et pleinement convaincu de la récompense divine (et/ou de l’agrément divin) saura fournir aux membres du corps, la vigueur requise, afin d’obéir à Allah. La confiance en Allah est également une histoire de sacrifice. Ainsi, elle peut retenir ces mêmes membres du corps, dans le but de les protéger du courroux divin. C’est alors que l’individu s’abstient de commettre un péché. Et là aussi, une récompense divine peut être prétendue]. Sans oublier également la parole explicite du Très-Haut [En vérité, Dieu ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les [individus qui le composent] ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes] Sourate Le tonnerre, verset 11.

L’exaucement peut donc être réalisé tel que le souhaite le solliciteur, et il peut également prendre la forme d’une protection contre les épreuves. La première option sous-entend le fait de profiter d’un bonheur éphémère qui peut tout à fait porter préjudice à notre religion, à notre honneur, nos biens ou notre intégrité physique. Et il en est de même de l’épreuve qu’Allah repousse. Dans les deux cas, on se demande encore ce qui peut nous retenir d’invoquer Dieu, étant donné la gratuité et les énormes avantages qui peuvent naître de ce maigre effort !

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